Abstract:
"La visée de ce mémoire est d'examiner si l'enseignement de la philosophie au cégep bénéficierait de l'approche des communautés de recherche philosophique (CRP), telle qu'élaborée par Matthew Lipman. Pour y parvenir, nous nous intéressons d'abord aux fondements et aux fins de l'éducation. Nous y découvrons le besoin vital qu'a l'être humain d'être en relation avec les autres et avec le monde pour survire, croître, développer son autonomie et sa propre pensée. Néanmoins, cette nécessité de tout recevoir d'autrui recèle un problème : la transmission à laquelle se consacre l'éducation place les jeunes devant un monde qui peut leur apparaître dépassé et mort, eux qui sont caractérisés par la nouveauté et le goût de l'avenir. Dans le but d'envisager des moyens de résoudre cette tension, nous explorons ensuite la philosophie de l'éducation de Lipman. Nous y découvrons justement que le jeune est limité dans son appréciation des savoirs reçus à l'école, parce qu'on lui apprend peu à penser. Par conséquent, l'enfant n'expérimente que faiblement l'utilité des connaissances transmises. C'est pour répondre à cette souffrance réelle du manque de sens que Lipman propose une éducation centrée sur la formation de la pensée et la fortification du jugement. Cette formation se donne pour cadre la CRP, cet espace où les enfants peuvent s'engager dans une recherche qui leur tient à cœur, en collaboration avec leurs pairs. Nous proposons finalement d'intégrer la CRP à la classe de philosophie au cégep, afin que celle-ci fasse davantage de place au besoin de sens qu'ont les jeunes et leur permette d'entrer dans un dialogue fécond autant avec la culture philosophique qu'avec leurs pairs. C'est avec eux qu'ils partageront éminemment la sphère politique où il sera plus que pertinent de mettre en commun un jugement qu'aura éclairé la délibération philosophique vécue en communauté de recherche." -- Université Laval