Bulletin de l’égalité des chances en éducation: édition 2024

Abstract

"Lorsque l’on évoque l’égalité des chances en matière d’éducation, il s’agit de garantir que des personnes issues de différents milieux sociaux aient des chances équitables d’accéder à l’enseignement, de bénéficier de conditions d’apprentissage appropriées à leurs besoins, de réussir et d’obtenir un diplôme. Afin de créer un portrait représentatif des inégalités dans le système d’éducation québécois, l’équipe du Bulletin sélectionne des indicateurs, à la fois historiques et récents, qui décrivent l’évolution de ces phénomènes. Ces indicateurs fournissent des informations précises et pertinentes sur la présence et l’évolution des inégalités à tous les niveaux d’enseignement. Cette approche permet de suivre l’évolution des inégalités dans le temps et tout au long du parcours scolaire. Cette année, le Bulletin innove également en présentant une série d’indicateurs originaux créés par notre équipe de recherche. Ces indicateurs n’existent dans aucune publication existante et ils sont disponibles pour la première fois dans le Bulletin. La création de certains d’entre eux a été rendue possible par un traitement des données administratives brutes de Statistique Canada. Dans la perspective d’une analyse des inégalités en éducation, les indicateurs qui sont spécialement pertinents à observer aux différents niveaux d’enseignement sont les taux d’accès, les taux de diplomation, les effectifs scolaires (nombres d’inscription), le type de programme poursuivi, et le type d’établissement fréquenté (p. ex., privé versus public). La durée des études et le statut étudiant (p. ex., temps plein, partiel) sont aussi des indicateurs intéressants mais nous ne disposons pas de ces informations actuellement. Il est opportun de croiser ces indicateurs avec des variables sociodémographiques, telles que le genre, le pays de naissance (Canada versus extérieur du Canada), l’âge, le statut générationnel des élèves issus de l’immigration (1ère ou 2e génération), le statut « élèves handicapés ou en difficulté d’apprentissage ou d’adaptation » (EHDAA), etc. Il serait encore plus bénéfique de ventiler les indicateurs en croisant plus d’une variable sociodémographique, ce qui permettrait notamment d’avoir une lunette véritablement intersectionnelle. Cependant, les données tirées des rapports gouvernementaux sur lesquelles se base une grande partie de la section du bulletin sur les indicateurs ne le permettent pas. Un grand nombre d’indicateurs existent déjà, notamment ceux que l’on retrouve dans les documents Indicateurs de l’éducation et Statistiques de l’éducation publiés par le ministère de l’Éducation. Afin de choisir ceux qui s’avèrent les plus judicieux pour le Bulletin, une première analyse a été réalisée pour identifier l’ensemble des indicateurs pour lesquels des données statistiques étaient accessibles dans divers documents, rapports, pages Web et autres. Par la suite, l’équipe du Bulletin s’est concertée pour retenir, d’une part, des indicateurs spécifiques pour chaque niveau d’enseignement et, d’autre part, des indicateurs communs permettant de suivre la progression à travers les niveaux, comme le taux de diplomation. Tel que mentionné plus haut, une série d’indicateurs sur mesure ont également été créés à partir de données brutes afin de documenter les inégalités d’accès et de diplomation au collégial et à l’université en fonction du revenu parental. Ces données n’avaient jamais été publiées et ont demandé un travail substantiel de création d’indicateurs originaux. Le mandat que s’est donné l’équipe du Bulletin est de documenter au meilleur de ses capacités les indicateurs clés de l’égalité des chances en éducation pour ainsi identifier les déterminants des parcours scolaires, y compris ceux de la réussite scolaire. Cette ambition si nécessaire demeure toutefois soumise à la fois aux ressources limitées à notre disposition et au rythme lent des réponses aux demandes d’accès aux données, lorsque celles-ci existent. Cela était le cas pour le premier Bulletin, ce l’est également pour le second. Malgré ces défis et limites, cette deuxième version du Bulletin de l’égalité des chances met à jour plusieurs indicateurs présents dans la première version, de nouvelles données ayant été publiées depuis. De plus, de nouveaux indicateurs ont été ajoutés, notamment des indicateurs sur la petite enfance et les inégalités d’accès et de diplomation au postsecondaire. Bien que la petite enfance ne soit pas typiquement considérée comme partie prenante du système scolaire, particulièrement au Québec et à d’autres endroits où le système éducatif est scindé en deux (ex. ministère de la Famille et ministère de l’Éducation), le travail du personnel des services éducatifs à l’enfance est de plus en plus reconnu comme étant une clé pour la réussite scolaire et sociale des personnes, et ce tout au long de la vie. En outre, pour certains indicateurs présents dans le premier bulletin,des variables sociodémographiques ont été ajoutées, notamment en lien avec les élèves issus de l’immigration. Par exemple, ce bulletin présente le pourcentage d’enfants vulnérables à la maternelle 5 ans selon s’ils sont nés au Canada ou à l’extérieur du pays et le taux de diplomation et de qualification au secondaire des élèves issus de l’immigration (1ère et 2e génération). Enfin, l’équipe du Bulletin 2024 a été en mesure de produire des données inédites relatives à certains indicateurs (taux d’accès, etc.), notamment pour le postsecondaire. En somme, tout comme pour la première édition, les défis à relever demeurent nombreux. Il importe de choisir les indicateurs les plus pertinents pour saisir au mieux les différentes facettes des inégalités scolaires et, dans la mesure du possible, offrir une base historique pour saisir leur évolution ou leur persistance dans le temps." -- EspaceINRS