Résumé:
Sous sa forme actuelle, l'évaluation des apprentissages entre en contradiction avec la mission première de l'école, qui est d'amener chaque personne à se connaitre et à développer son plein potentiel. Telle est la conclusion du Conseil supérieur de l'éducation (CSE), présentée dans le Rapport sur l'état et les besoins de l'éducation 2016-2018, intitulé Évaluer pour que ça compte vraiment, déposé à l'Assemblée nationale en février dernier (CSE, 2018). Fruit de deux ans de recherches, de travaux, de réflexions et de consultations d'experts, de professeurs, de gestionnaires et de parents de tous les niveaux d'enseignement, ce rapport dresse un portrait consternant de l'évaluation, du préscolaire à la fin de l'université. Du même coup, il invite les pédagogues à un renversement de perspective : cesser d'évaluer comme ils ont eux-mêmes été évalués, pour installer une logique d'évaluation fondée sur la rétroaction permettant de témoigner des acquis et de mieux soutenir l'apprentissage chez la diversité d'apprenants dans tout le système scolaire. Apport incontournable à la réflexion sur l'éducation, ce rapport n'en suscite pas moins de vives réactions, notamment parce qu'il remet en question des croyances et des pratiques bien établies. Voici en survol les constats de ce travail colossal de recherche sur l'évaluation des apprentissages, les orientations proposées par le CSE, les principaux obstacles au changement de cap souhaité et plusieurs avenues pour alimenter la réflexion des professeurs, des professionnels et des directions du milieu collégial.