Résumé:
"Au Québec, la réussite scolaire au niveau collégial soulève d’importantes préoccupations sociales et économiques, en raison de son influence directe sur l’accès aux études universitaires, l’employabilité et la qualité de vie future des jeunes adultes. Or, malgré la mise en place de nombreuses mesures d’aide à la réussite, les taux de diplomation stagnent et un grand nombre d’étudiants et d’étudiantes décrochent avant d’obtenir leur diplôme. Ce phénomène, accentué depuis la pandémie, engendre des coûts sociaux considérables, compliquant la formation d’une main-d’oeuvre suffisamment qualifiée pour répondre aux besoins du marché du travail. Les efforts institutionnels déployés jusqu’à maintenant semblent toutefois insuffisants pour inverser cette tendance. Un changement de perspective s’impose donc: au-delà des facteurs scolaires ou socioéconomiques, il devient pertinent d’examiner des aspects souvent négligés, comme les habitudes de vie, dont l’impact sur la réussite scolaire s’avère particulièrement significatif en contexte postpandémique. Ainsi, l’objectif de recherche du présent projet consiste à explorer le potentiel des habitudes de vie comme levier possiblement judicieux à la persévérance et à la réussite scolaires des cégépiens et cégépiennes. Cette étude repose sur une approche à méthodes mixtes combinant une dimension descriptive et une dimension corrélationnelle. De plus, l’intégration des démarches quantitatives et qualitatives permet de croiser la rigueur des analyses statistiques avec la profondeur des données de terrain. Au total, 2472 étudiants et étudiantes issus de 17 cégeps et inscrits en première session ont rempli un questionnaire de renseignements généraux ainsi qu’un questionnaire sur leurs habitudes de vie, permettant de brosser un portrait postpandémique des nouvelles cohortes au collégial. Les données ont ensuite été analysées selon une perspective longitudinale, afin de comparer les habitudes de vie au début des études collégiales et un an plus tard, et d’examiner les liens entre ces habitudes, la persévérance et la réussite scolaires. Des données qualitatives sont venues compléter ces résultats. Par ailleurs, le rôle modérateur et médiateur de la motivation scolaire a été analysé dans les relations entre certaines habitudes de vie et la réussite scolaire. Les résultats révèlent que les cégépiens et cégépiennes semblent avoir adopté, depuis la pandémie, des habitudes de vie plus saines qu’auparavant, notamment en ce qui concerne l’activité physique, les comportements sédentaires et la consommation d’alcool ou de cannabis. En revanche, leurs habitudes alimentaires et leur temps d’écran se sont détériorés. Entre le début des études collégiales et l’année suivante, on observe une diminution de l’activité physique et de la consommation de malbouffe, ainsi qu’une hausse de la fréquence du petit-déjeuner. L’adoption de stratégies de gestion du stress est associée à une plus grande persévérance scolaire, tandis que la prise fréquente du petit-déjeuner est liée à une meilleure réussite scolaire. À l’inverse, le vapotage fréquent est associé à une moins bonne persévérance et réussite scolaires. Enfin, la motivation scolaire agit comme modérateur dans la relation entre le sommeil et la réussite, ainsi qu’entre la prise du petit-déjeuner et la réussite scolaire. Elle agit également comme médiateur dans les relations entre le sommeil, le temps d’écran et la prise du petit-déjeuner d’une part, et la réussite scolaire d’autre part. Mieux comprendre l’influence des habitudes de vie sur la persévérance et la réussite scolaires ouvre la voie à des interventions durables, mieux adaptées aux réalités des cégépiens et cégépiennes." -- Résumé des auteures