"Les cours d’éducation physique et à la santé (ÉPS) obligatoires du cheminement scolaire québécois se
terminent au niveau collégial avec le troisième cours portant la compétence Démontrer sa capacité à se
charger de sa pratique de l’activité physique dans une perspective de santé (ministère de l’Éducation et de
l’Enseignement supérieur, 2016). Puisque le taux de réussite à ce cours se situe à 95 % (ministère de
l’Éducation du Québec, 2020), on pourrait croire que les étudiants sont suffisamment actifs pour leur
santé. Toutefois, ce n’est pas ce qui est observé : la majorité des jeunes adultes n’ont pas une pratique
suffisante d’activité physique (AP) pour en retirer des bienfaits sur leur santé. Ce problème porte à
réfléchir à des pistes de solutions pédagogiques pour engager davantage les étudiants envers une pratique
autonome de l’AP. Une stratégie pédagogique en ce sens a été mise en place et évaluée aux termes de la
présente étude. Spécifiquement, l’objectif était de mettre en place et d’évaluer l’impact d’une stratégie
pédagogique misant sur un exercice autoréflexif et itératif des bienfaits personnellement retirés de la
pratique d’AP sur le développement de l’intérêt à pratiquer l’AP et la prise en charge pérenne de la
pratique d’AP par des cégépiens.
La stratégie pédagogique expérimentée au cours de ce projet de recherche est tout à fait pertinente,
puisqu’elle est alignée sur les besoins des collégiens, clientèle cible de cette étude. En effet, la première
raison évoquée par ceux-ci pour expliquer la pratique régulière de l’AP est les bienfaits qu’ils retirent de
l’AP. La stratégie pédagogique élaborée vise précisément à amener l’étudiant à prendre conscience des
bienfaits vécus durant et après l’AP par un questionnement sur ces bienfaits comme levier d’engagement
dans une pratique de l’AP autonome. Ainsi, les bienfaits de l’AP et l’effet question-comportement sont au
cœur du contexte théorique de la présente étude.
La méthodologie repose sur un devis quasi expérimental où trois conditions ont été comparées. Un suivi
longitudinal a été effectué et des analyses mixtes ont été réalisées. Un échantillon de 1 706 étudiants
provenant de 17 cégeps a complété le Questionnaire de renseignements généraux (QRG) de cette étude
permettant entre autres de relever les raisons d’AP et d’inactivité physique (IP) des collégiens. Par la suite,
la stratégie pédagogique misant sur un exercice autoréflexif itératif sur les bienfaits retirés de l’AP
pratiquée durant le cours d’ÉPS a été testée auprès de 505 étudiants provenant de 15 cégeps et répartis
en trois groupes : autoréflexion sur des bienfaits et sur l’AP pratiquée (groupe A; n = 152), autoréflexion
sur l’AP pratiquée (groupe B; n = 142), aucune autoréflexion (groupe C; n = 210).
Les résultats indiquent une importante augmentation de la pratique de l’AP hors cours chez les étudiants
du groupe A six mois après avoir terminé leur dernier cours collégial d’ÉPS. De plus, l’intention de pratiquer
l’AP, qui est d’ailleurs un prédicteur majeur d’AP, est plus élevée chez ce même groupe. Six mois plus tard,
(donc un an après la fin de l’intervention pédagogique) l’AP pratiquée par le groupe A est toujours plus
élevée que pour les deux autres groupes. Le potentiel de cette stratégie pédagogique, facile à mettre en
place, soutient la pertinence à transférer celle-ci dans les pratiques enseignantes." -- Résumé des auteures