"Les cours d’anatomie et physiologie humaines (APH) font partie de la formation contributive offerte
dans une grande variété de programmes d’étude en santé. En technique de Soins Infirmiers (SI),
210 heures de formation y sont consacrées. Une recension de la littérature internationale démontre que
la réussite des cours d’APH est problématique et que cette réalité engendre des conséquences néfastes
sur les délais de diplomation et sur la logistique associée à l’organisation scolaire dans ces programmes.
L’appellation « problématique des biosciences » est utilisée afin de regrouper à la fois les faibles taux de
réussite en APH et les conséquences qui y sont associées.
L’analyse des résultats des cohortes collégiales québécoises des 10 années précédant la pandémie
confirme que les cours d’APH en SI, sont moins bien réussis que les autres cours du programme
(exception faite des cours de littérature). Ces mêmes résultats démontrent toutefois que l’ampleur de la
problématique des biosciences varie d’un cégep à l’autre. En effet, la comparaison des résultats des
cohortes des 5 cégeps participants confirme que certains présentent une forte problématique des
biosciences alors que d’autres ne semblent pas être trop affectés par ce phénomène, et ce, malgré les
perceptions des professeurs d’APH de ces cégeps.
L’analyse des indicateurs de réussite et de persévérance scolaire des cohortes de SI de 2010 à 2019
confirme que l’échec des cours d’APH a pour seul effet de retarder la diplomation. L’échec dans un
cours de SI serait le principal prédicteur de l’abandon du programme. Des nuances existent cependant
entre les populations A et B.
Dans la deuxième phase de notre projet, la cueillette de données effectuée auprès de 337 étudiantes de
1
re
session en SI des 5 cégeps participants a permis d’identifier des déterminants de la réussite des cours
d’APH. Des modèles statistiques les incluant ont permis la création d’outils de prédiction de la réussite
en APH adaptés à la population A et B. Les meilleurs modèles, supérieurs à ceux trouvés dans la
littérature, permettent d’expliquer jusqu’à 50,4 % (R
2 = ,504) de la variabilité des notes en APH. Les
déterminants de la réussite utilisés dans ces modèles sont : les aptitudes langagières (résultats du
secondaire en français et en anglais langue seconde), la cote R cumulée dans les programmes collégiaux
précédents, le sentiment d’efficacité personnelle face aux biosciences, l’anxiété situationnelle face aux
évaluations en biosciences et la moyenne générale au secondaire. En plus de ces derniers, d’autres
déterminants de la réussite en APH significatifs ont été identifiés. Finalement, les résultats de l’étude
identifient un ensemble de déterminants de la réussite en APH pour lesquels le développement de
stratégies d’interventions, autant institutionnelles que pédagogiques, est possible." -- Résumé des auteurs